Gleb Goussakov, sous le nom de Yaroslav Verov, est un auteur de science-fiction ukrainien. Mais c’est à Moscou que se fait l’essentiel de son activité littéraire, cette fois-ci en tant qu’éditeur, directeur de la maison Snejniï Kom. Depuis quelques années, Snejniï Kom publie, avec peu de moyens mais beaucoup de savoir faire, des ouvrages d’auteurs souvent débutants mais déjà d’une remarquable qualité littéraire. Nous avons déjà parlé ici de Tim Skorenko, de Yana Doubinianskaya, de Dalia Trouskinovskaya, mais c’est l’ensemble du catalogue qui mérite le détour.
Aussi, il nous paraissait important de le rencontrer, même si ses propos nous ont parfois surpris.
Quelle branche des littératures de l’imaginaire est la plus demandée actuellement, notamment pour votre maison d’édition ?
Notre maison possède sa proche niche éditoriale, qui s’adresse à des lecteurs intelligents et intellectuels. C’est pourquoi ceux-ci lisent presque tout ce que nous publions. Il existe un noyau dur de lecteurs qui achètent tous nos livres, ou tous les livres d’une de nos collections.
Y a-t-il des collections qui suscitent plus d’intérêt que les autres ?
La collection « Prose irréelle » se vend moins, car elle représente plutôt la prose russe contemporaine, et non la littérature fantastique. Le mot « fantastique » n’y apparaît d’ailleurs même pas. Les textes de cette collection sont proches des romans de Dmitri Bykov, d’Olga Slavnikova ou de Viktor Pelevine. Il y a toujours un élément fantastique, mais qui n’est pas l’essentiel : l’important sont les idées, la grande qualité littéraire.
Les auteurs de cette série se veulent-ils écrivains du fantastique, ou écrivains réalistes?
Cela dépend. Yana Doubinyanskaya entend écrire autant de la littérature fantastique que de la prose réaliste. Tim Skorenko a reçu différents prix du domaine fantastique, mais s’est retrouvé aussi dans la longlist de prix généralistes tels que « Bolchaya Kniga » ou « Bestseller national ».
Mais Tim Skorenko a débuté chez vous ?
Oui, on peut le dire ainsi. Il a suivi le séminaire littéraire de Paternit, sous la direction d’Andreï Valentinov. En 2011, nous avons publié son roman Le Jardin de Jérôme Bosch (Сад Иеронима Босха), qui pourrait s’attirer bien des foudres en France, car on y critique le catholicisme. Et la même année, nous avons publié un autre roman de lui, Les lois de l’euthanasie appliquée (Законы прикладной эвтаназии), qui relève de la SF.
La SF commence à renaître ?
Heureusement, la SF commence à évoquer de nouveau l’intérêt. Ce phénomène est lié à une certaine fatigue envers la littérature de magie et d’épées qui domine, par exemple chez des maisons d’édition comme Alpha-kniga. Même si ses tirages baissent, cette littérature reste populaires auprès des lecteurs de masse. Et dans les provinces de Russie, il n’existe pas d’autres livres, aucune alternative.
Que se passe-t-il concernant les licences ?
Les licences disparaissent peu à peu. S.T.A.L.K.E.R. aura été comme l’apogée du phénomène, une chose unique au succès conditionné par une série de circonstances. D’abord, le jeu était bien écrit et beau ; ensuite, cette licence a abordé un sujet d’actualité, Tchernobyl, qui est intéressant tant pour les personnes âgées que pour les jeunes. Mais apparemment ce phénomène ne se répétera plus.
Et Métro 2033 ?
Cette licence est basée sur une autre accroche. Métro 2033 a été édité par les éditions Eksmo selon un tirage standard – 12000 exemplaires [en fait 8000 + retirage de 3000, NdT] – comme n’importe quel livre. Mais ensuite, Kostia Rykov, le génie des Relations Publiques, s’est mis au travail. Il a appliqué au livre quelques techniques novatrices. D’abord, le format. Pourquoi est-il bon ? Parce qu’il est impossible de mettre ce livre dans un rayon sans le voir. Ensuite, Métro 2033 suscite l’intérêt car le lecteur reconnaît l’endroit décrit dans le livre, le métro. Voilà pourquoi cette licence marche mieux que les autres. Après cela, toutes les autres licences sont sur le déclin. Le cas de la série L’Île habitée, adaptée du roman des frères Strougatski, est éloquent. Son premier tirage était de 20000 exemplaires, le dernier de 3000. En 2011, dans la liste de nominations du prix Roscon, il y avaient environ 12 licences. En 2012, il n’y en avait que 8. Elles disparaissent peu à peu. Mais il est possible que d’autres projets d’auteurs renaissent.
Il existe actuellement de nombreux prix concernant l’imaginaire. Ne serait-il pas mieux de les réunir ?
Ce genre d’idées concernant la fusion des prix existe, mais il me semble que le contraire est mieux. Je considère qu’il faut plus de prix bons et variés, une diversité due au fait qu’ils sont liés d’une manière ou d’une autre à une communauté d’écrivains. La même chose se passe avec les prix réalistes, par exemple le Booker ou Bolchaya kniga (Grand livre). Chaque prix représente un club fermé comprenant les bonnes personnes concernées. A vrai dire, les prix de la grande littérature sont un instrument au service des écrivains. Ils donnent aux auteurs les moyens nécessaires pour vivre et écrire le livre suivant. Pour ce qui concerne les littératures de l’imaginaire, il existe des groupes d’écrivains, à Moscou, à Saint-Pétersbourg, etc. Le prix en lui-même ne signifie pas grand chose, mais tout de même, il donne une sorte de statut à l’auteur.
Fait-il augmenter le tirage ?
Non, mais il donne un certain statut, au moins aux yeux des amateurs de fantastique. Cela fortifie l’auteur, qui sent pouvoir être intéressant pour le lecteur. C’est pourquoi il n’y a rien de mauvais à ce que ces prix existent. Il n’existe pas de prix objectif, idéal : ils sont tous plutôt subjectifs. Chaque festival a son prix. J’ai même proposé sur Live Journal huit critères que l’auteur doit remplir pour en décrocher un. Et parmi ces critères, la qualité littéraire occupe la huitième place.
Et qu’y a-t-il à la première place ?
Le nom. On vote tout d’abord pour le nom. Nous avons eu un précédent intéressant. Il existe un jeune auteur qui s’appelle Dima Loukine, de la ville de Yalta. Il est l’homonyme du célèbre écrivain Evguéni Loukine. Un des articles critiques de Dima Loukine, publié dans la revue Polden XXI vek, a reçu les prix de Roscon et d’Interpresscon parce que les gens ont vu le nom « Loukine » en pensant à Evguéni. Mais il faut noter que les textes de mauvaise qualité n’obtiennent jamais de prix.
Mais il y a des auteurs comme les Diatchenko, les Oldie, qui reçoivent des prix lors des différentes conventions. Pourquoi ? Ces auteurs seraient-ils universels ?
Ces écrivains ont gagné un lectorat fidèle. Ils travaillent beaucoup et depuis longtemps. Leur niveau littéraire est très haut, et c’est cela qui leur permet de recevoir des prix.
Les Oldies et les Diatchenko écrivent et sont publiés en russe comme en ukrainien. Mais faut-il les considérer comme russes ou ukrainiens ?
Je préfère le terme « auteurs de culture russe », « gens de culture russe ». Ils pensent en russe. Par exemple, Pouchkine était pour un quart éthiopien ; Lermontov est un descendant des Celtes (Lermont), mais ce sont des auteurs russes. Il existe aussi des écrivains bilingues, comme Yana Doubinyanskaya, Vladimir Echkilev. Des ukraïnismes filtrent dans leurs textes russes. A mon avis, si la mentalité d’une personne s’est formée durant son enfance dans une langue, ou deux, alors cet homme appartient aux cultures correspondantes.
Le fantastique russe contemporain comprend plusieurs sous-genres : social, philosophique, etc. Mais il existe aussi un fantastique impérial. Qu’est-ce que c’est ?
La floraison de ce sous-genre a débuté lors de la première présidence de Poutine. Après la victoire dans la guerre en Tchétchénie, lors de grandes attentes. En fait, le lecteur est comme une caisse de résonance des dispositions de la société. Et donc à cette époque, Roman Zlotnikov s’est distingué avec sa dilogie Imperia. Puis les Zoritch, avec leur grand empire cosmique qui extermine tout. Mais ce courant est actuellement en récession.
Il est clair que pour le lecteur occidental, ce n’est pas quelque chose d’intéressant. Mais nos lecteurs ne s’y intéressent pas trop non plus. Le post-apocalyptique est aussi en voie de disparition. Les petits éditeurs peuvent se permettre d’expérimenter, de manœuvrer, tandis que les gros continuent à éditer des licences même si la moitié des tirages restent dans les dépôts. Il n’y a plus de nouvelle marque d’écrivain, voilà pourquoi les éditeurs, maintenant, clonent des auteurs connus, comme Nik Peroumov et d’autres.
En gros, c’est à la fois une stagnation et une crise. Selon mes prévisions, durant les deux ou trois ans à venir, le marché sera durement reformaté. Un grand nombre d’auteurs disparaîtra purement et simplement, comme ce fut le cas après 1998, parce que les gros éditeurs ont besoin de nouvelles marques, ils ne peuvent s’en passer. Ils ont besoin de gros tirages. Chez Eksmo, par exemple, les tirages ont baissé jusqu’à 3000 exemplaires. Beaucoup de nouveautés de mauvaise qualité paraissent. Un bon écrivain ne peut produire cinq romans par ans ; c’est pourquoi tout manuscrit est accepté, le niveau baisse constamment. Et le lecteur doit soit s’habituer à cela, soit cesser de lire, soit s’adresser aux littératures étrangères.
Et en ce qui concerne la littérature fantastique étrangère, est-elle autant à la mode qu’au début des années 1990 ?
Non, actuellement elle occupe une place assez restreinte sur le marché. On la publie à des tirages de 3000-4000 exemplaires. Le seul auteur qu’on édite beaucoup, et sur le long terme est Dan Simmons (Hypérion), avec peut-être China Mieville.
Comment fonctionne votre maison d’édition, dans ces conditions de marché ?
Notre maison est petite et c’est notre avantage. Nous n’avons que deux salariés : le directeur et le comptable. Notre bureau est virtuel – d’ailleurs, en fait, je ne comprends pas à quoi servent maintenant les bureaux. Je peux même me permettre de ne pas éditer de livres pendant un certain temps, d’attendre que ceux qui sont déjà parus soient vendus. Nous travaillons sans nous hâter. Actuellement, nous avons décidé de nous rapprocher de Chiko, un petit éditeur ukrainien. En général, en tant que petits éditeurs, nous pouvons nous permettre de publier une littérature de qualité.
Les livres que vous publiez se distinguent par de belles illustrations, des couvertures élégantes. Comment y parvenez-vous ?
C’est grâce à notre adaptabilité et à nos bonnes relations. D’abord, Eric Bregis est un bon designer. Notre maison était encore en cours de création que nous réfléchissions déjà à nos collections et à leur design. Par exemple, nous préférons ne pas utiliser de visages en gros plan, même si nous l’admettons parfois pour la collection « Nerealnaya proza » (« Prose irréelle »). Nous travaillons directement avec notre illustrateur. Il nous envoie des croquis, nous choisissons, discutons, corrigeons, etc. Etant un petit éditeur, nous pouvons discuter sans nous presser, nous n’avons pas d’urgence comme chez les grands. Par exemple, nous avons travaillé longtemps sur la couverture des Lettres au colonel, de Yana Doubinyanskaya. De fait, cette manière de travailler intéresse l’illustrateur lui-même.
Lit-il les livres avant de travailler aux illustrations ?
Oui, sans exception. Sinon, en dehors des collections « Prose irréelle » et « Vrai fantastique », nous éditons aussi des anthologies.
Puis que vous parlez des anthologies : se vendent-elles bien en Russie ? En France, les recueils de récits se vendent moins bien que les romans.
Chez nous, la situation est différente : les recueils se vendent mieux. C’est d’abord lié au fait que ces derniers temps, les gens pensent à la façon des vidéo-clips. Prêtez attention à une série d’images vidéo : un plan par seconde. La même chose se fait dans les films, avec un montage serré. Regardez un employé de bureau : il est devant son ordinateur, sur internet, et il a plusieurs fenêtres ouvertes devant lui : sites concernant son travail, Skype, forums, sites d’informations, etc. Et il « court » tout le temps d’une fenêtre à l’autre, il zappe. A côté de cela, un roman est complexe, avec beaucoup de personnages et plusieurs lignes narratives.
Le lecteur contemporain ne peut plus retenir tout cela dans sa mémoire, et parfois même s’en plaint : beaucoup de personnages, un texte complexe, etc. En conséquence, un grand nombre de textes, de nos jours, sont basés sur un sujet linéaire. Et qu’est-ce qu’un recueil de récits ? Le lecteur peut lire un récit et l’oublier ou non. Nous avons par exemple publié un recueil intitulé Vrai fantastique (Настоящая фантастика) [chez Eksmo, sous le pseudonyme de Yaroslav Verov – NdT]. Un lecteur le lit, et aime un récit. Il décide alors d’acheter un roman de l’auteur. Ainsi, les anthologies favorisent la promotion des auteurs et ont du succès. Les anthologies thématiques se vendent bien, aussi, surtout lorsqu’elles abordent un sujet intéressant.
Par exemple, Sergueï Tchekmarev a publié chez Eksmo un recueil de récits intitulé Tolérance implacable (Беспощадная толерантность), qui a fait exploser le lectorat. C’était un recueil provocateur, dans lequel la tolérance est poussée jusqu’à l’absurde. Ce sont en fait des récits anti-utopiques. Le tirage n’était que de 3000, mais les ventes numériques sont élevées. Puis, Sergueï a travaillé à une autre anthologie, Apocalypse libérale (Либеральный апокалипсис), sur l’échec des valeurs libérales. Ce thème est très populaire actuellement en Russie. Nous faisons aussi des anthologies à caractère ludique, qui se vendent bien.
Les anti-utopies sont-elles toujours populaires ?
Si elles parlent du fait que tout est mauvais en Occident, alors oui, elles sont populaires. En général, on observe que sur le marché russe, la demande porte sur ce qui est positif en Russie. La preuve en est avec le succès du concours « URSS 2061 », dont le résultat est un recueil de récits où il est question de la restitution d’une URSS positive, en 2061. Ce concours a coïncidé avec la Journée de la Cosmonautique ; j’étais membre du jury. Le recueil comprend dix récits qui, en fait, ne sont pas des chef-d’oeuvres, car il est assez difficile d’écrire des textes positifs. Mais tout de même, ce recueil est populaire, il est bien présenté.
Est-ce de la nostalgie ?
Non. Il y a beaucoup de jeunes gens qui ne savent pas ce qu’est l’URSS. Ce n’est pas de la nostalgie, c’est de la fatigue du négatif. Quelque chose de nouveau.
Pourquoi, alors, l’URSS ?
Parce qu’il n’y a pas d’autre point de départ. Il n’existe pas de modèle, pas de nouvelle base idéologique, et il n’y a personne pour la générer. Une nouvelle tendance commence à se former d’une façon assez nette : une demande pour quelque chose de bon et positif.
Une demande de positif, malgré les problèmes et cataclysmes qui touchent le pays ?
Il n’y a pas tant de problèmes que ça en Russie ; l’Ukraine en a beaucoup plus. La Russie est un pays assez riche, et la population est loin d’être pauvre. Les gens ont simplement la manie de se lamenter.
Mais si l’on regarde sur internet les sites d’informations russes, on voit constamment qu’il y a des problèmes dans le domaine des services urbains, auxquels il faut ajouter la corruption, l’inflation…
Ce n’est qu’un fond négatif. Si vous veniez dans la ville de Belgorod, ou de Koursk, vous verriez des villes propres, avec des bâtiments neufs. Les Moscovites passent leurs vacances à l’étranger trois fois par an, et ceux qui habitent dans les régions, une fois par an. Par exemple à Ekaterinbourg, grand centre industriel, tout est bon, aussi. Dans les villages, on donne la terre aux paysans, on investit dans l’agriculture. En fait, l’image de la Russie donnée par les masses média, et même par l’opinion, est une illusion. Pour comprendre la Russie, il faut y voyager.
En Ukraine, la situation est plus mauvaise car le pays n’a pas de ressources naturelles, et depuis le XVIe siècle, il est tiraillé entre l’Ouest et l’Est. Mais en Russie, ce n’est pas si mauvais que ça. Les gens aiment pleurer misère, simplement. Si l’on compare la Russie de 1993 à celle d’aujourd’hui, on peut dire que maintenant nous vivons dans un paradis. Oui, on a fermé beaucoup d’entreprises qui devaient être fermées car non rentables. Poutine est un leader très fort.
Alors quelle fantastique va dominer dans le futur ? Le positif ?
Le fantastique positif ne dominera pas, mais son spectre s’élargira. En effet, les gens s’intéressent plutôt à une littérature où il est question de popadanets [un héros qui, propulsé par exemple dans le passé, va changer positivement le cours de l’histoire – NdT], même lorsque ces textes sont primaires, car elle est liée à l’histoire. Si un auteur du fantastique est intelligent, il livrera correctement la constituante historique. Ces auteurs-là sont peu nombreux. Actuellement, le sujet dans lequel le personnage principal tombe à l’époque de la Seconde Guerre mondiale est très populaire, et donc les gens commencent à s’intéresser à notre passé. D’ailleurs, nous préparons un intéressant recueil, Imperium. Nous avons déjà préparé l’anthologie Hussarium, sur la guerre de 1812, avec Napoléon. Imperium comprendra des histoires sur l’époque d’Élisabeth, sur la révolte de Pougatchev, etc.
Et en plus d’Imperium, que comptez-vous éditer ? Quels auteurs ?
Ce projet s’est peu à peu agrandi au point de former la sous-collection « Anthologies du passé et du futur », liée au fantastique historique de bonne qualité. Nous voudrions essayer aussi la prose russe contemporaine, non fantastique mais hors-normes. Notre premier essai dans ce sens est le roman de Viktor Totchinov, un auteur de Saint-Pétersbourg, membre du séminaire de feu Boris Strougatski. Son roman s’intitule L’Île sans trésor. Il relève d’un genre particulier, le roman-enquête. Totchinov a pris le roman culte de Robert Stevenson et a démontré que tout s’y est passé « autrement », pas comme dans le livre, et que Stevenson avait crypté le vrai sens. Totchinov l’a prouvé d’une façon convaincante : j’ai lu ce livre sans pouvoir m’en détacher. A mon avis, ce roman serait aussi intéressant pour les lecteurs occidentaux.
Propos recueillis par Viktoriya en avril 2013 à Kiev.