Petit à petit, notre série de publications directement en numérique s’agrandit. Bien entendu, il nous sera toujours impossible de publier ainsi un roman ou un recueil de nouvelles uniquement sur ces supports, mais pour ce qui concerne des nouvelles isolées, nous considérons que rien ne nous est impossible. C’est pour nous une manière de défricher le terrain et de faire ressurgir des auteurs méconnus, en espérant pouvoir leur offrir mieux par la suite.
Semen Youchkevitch est de ceux-là. Bien qu’ayant vécu en France, il a été très peu publié en français. Il faut dire qu’il s’est intéressé à un sujet particulièrement sensible à l’époque: les Juifs en Russie. Leur vie n’était pas simple dans l’Empire des tsars, ne serait-ce qu’au quotidien: de nombreux métiers leur étaient interdits. Il faut se souvenir que le mot pogrom lui-même est un mot russe, tiré du verbe громить: « dévaster, piller, écraser ».
Mais tout en plaignant ses personnages, Youchtkevitch ouvre un oeil lucide sur eux et leur incapacité à évoluer. Ce n’est pas pour rien si le cabaretier Heimann attend aide et salut d’un voisin nommé Élie, quand on sait que le prophète Élie, chez les Juifs orientaux, était vénéré comme personnage secourable.
La traduction du Cabaretier Heimann a été publiée originellement dans L’Aurore, fameux journal qui prit la défense de Dreyfuss et qui publia le fameux « J’accuse » d’Émile Zola. Ce n’est évidemment pas pour rien.
La revoici donc maintenant en numérique, dans une version que nous avons légèrement révisée.