Notre projet éditorial vise à faire connaître en France des auteurs peu voire pas connus. Mais il arrive aussi que les écrivains qui nous intéressent aient aussi été oubliés en Russie ou en Ukraine, pour des raisons, comme nous l’avons déjà dit, qui ne relèvent pas de la littérature.
Ainsi, Alexandra Chabelskaya (1845-1918) n’a plus été publiée en russe depuis le début du XXe siècle. Et pourtant son œuvre est intéressante. Ukrainienne, elle a écrit aussi bien en russe qu’en ukrainien. Lorsque ses romans et recueils furent édités à Saint-Pétersbourg, elle fut remarquée pour son talent par Ivan Tourgueniev et Mikhaïl Saltykov-Chtchédrine. Mais sa production étant trop rare, on ne peut dire qu’elle ait fait carrière.
Un seul de ses récits a été traduits en français, dans une revue depuis longtemps oubliée. Mais nous l’avons exhumée, et révisée, de façon à y réintégrer les noms propres, ukrainiens, tels qu’ils doivent s’écrire (au XIXe siècle, on francisait beaucoup), mais aussi quelques termes propres à la culture du lieu de l’action: la région de Kharkov, où l’on parlait ukrainien.
Paraska est une belle œuvre, une histoire d’amour tragique sur fond de conflit villageois, qui montre combien il était difficile pour une femme ukrainienne, à l’époque des tsars, de jouir d’un minimum de liberté.