Voici avec hélas un peu de retard la suite de notre « feuilleton ». Les deux articles d’Eugène Séménoff suscitent des commentaires, à Moscou, dans les cercles des écrivains et poètes. Mais curieusement, un seul d’entre eux va prendre sa plume et contacter la rédaction du Mercure de France: Valéri Brioussov. Et ceci pour dénoncer de façon particulièrement lapidaire un minuscule détail le concernant au sein des deux articles. Une démarche très surprenante.
Une lettre de M. Valère Brussov.
Mercure de France, septembre 1907
Monsieur,
Espérant en l’impartialité habituelle du Mercure de France, je vous prie d’insérer ces quelques lignes.
M. E. Séménoff, votre correspondant de la Russie, dans sa division des poètes russes contemporains (v. le Mercure du 16 juillet), me place parmi les Parnassiens. Jamais je n’ai été Parnassien, jamais je ne le serai et maintes fois dans mes articles je combattis l’esthétique parnassienne ! En général, toute la division des poètes russes, faite par M. Séménoff, est fausse.
Au reste, je m’étonne fort de la place que M. Séménoff donne au « mysticisme anarchique », qui n’a pas plus d’importance chez nous que l’« intégralisme » en France.
Agréez, Monsieurs, l’expression de mes sentiments les plus distingués.
Valère Brussov
Moscou, 10 août 1907