Amis lecteurs, vous connaissez sans doute notre passion pour le folklore des Slaves de l’Est, et notamment pour les chants épiques, qu’ils soient russes (les bylines) ou ukrainiens (les dumy). Nous pensions à tort que le premier à avoir fait parler de ces chants en France était Alfred Rambaud, avec sa Russie épique. Étude sur les chansons héroïques de la Russie, publiée chez Maisonneuve en 1876.
Nous nous trompions. Dès 1804 paraissaient dans les Archives littéraires de l’Europe deux textes présentés comme des contes russes, mais qui étaient en réalité des bylines en prose. Des bylines un peu particulières, cela-dit, car si elles ressortaient de types bien connus, elles contenaient des éléments très particuliers, vraisemblablement dus à la plume d’un auteur. Cet auteur (qui n’est pas mentionné dans ces traductions françaises), c’est Vassili Levchine. Ancien cuirassier, retraité de l’armée russe, proche de l’éditeur Novikov, il fut un véritable polygraphe, qui, à la manière plus tard d’un Odoievski, écrivit sur tout et n’importe quoi. Et parmi tout ceci, un important recueil de Contes russes, publié en 1780-1783, l’un des premiers du genre donc.
Rien de tout ceci ne semble avoir été traduit en français, en dehors donc des deux contes des Archives littéraires, que nous rééditons aujourd’hui, en les accompagnant de commentaires. Mais il est clair qu’il faudra un jour faire découvrir aux lecteurs français les Contes russes de Levchine.